TEMPURA MAG
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12th October 2023
Le Grand Entretien de Yoshiko Shimada
Depuis sa résidence à Munich, Yoshiko Shimada n'oublie pas les thèmes qui lui sont chers : l'histoire et les victimes de guerre. Le 1er septembre dernier, alors que Tokyo commémore les 100 ans du grand tremblement de terre du Kanto, elle rend hommage, à 9 000km de là, à l'anarchiste féministe Noe Itō, exécutée la même année par la police militaire impériale. Figure de l’art féministe japonais depuis près de 30 ans, ses collages, photos et performances artistiques traitent de la mémoire collective (Past Imperfect, 1991-1997), du rôle des femmes japonaises durant la Seconde Guerre mondiale, en passant par la présence militaire américaine (Made in Occupied Japan, 1998-2000) ou les crimes de guerre (Becoming a Statue of a Japanese Comfort Woman, depuis 2012). Avant son départ pour l'Europe, c’est dans un café de Shinjuku qu’elle se confie sur ses années de militantisme et de performances
artistiques dans un pays où art et politique ne font pas toujours bon ménage. Celle
qui est également professeure à l’université de Tokyo exprime aussi son inquiétude
face à la pression du gouvernement et aux représailles nationalistes qui se sont
durcies ces dernières années : l’artiste n’a pas pu exposer dans les musées japonais
depuis 2005, et la censure la suit désormais au-delà des frontières de l’Archipel.